TEXTES
BIOGRAPHIE
Camille Mercandelli-Park est une artiste française qui vit et travaille à Ivry sur Seine.
Diplômée de l’école des Beaux-arts de Valence et de l’Université de Paris 8, elle a exposé son travail dans de nombreuses galeries et foires d'art en France et en Corée du Sud, notamment au Salon du Dessin Contemporain-Drawing Now ( Avec la Galerie Françoise, Paris 2022, 2023), à la Fondation Francès pour l'art contemporain (Senlis, 2021), à la Biennale de la peinture à l'encre SUMUK (Corée du Sud, 2018), ainsi qu'à la Galerie Allmee ( Séoul 2024), Mill Studio ( Séoul, 2022, 2023) et à la Galerie Life (Séoul, 2018).
Elle a également été invitée à participer à deux résidences artistiques en Corée du Sud, au Musée de la Laque de Tongyeong (2018) et au Art Lab Wasan sur l'île de Jeju (2022).
Camille Mercandelli-Park encadre également des projets culturels et un atelier d'arts plastiques hebdomadaire pour les enfants atteints de cancers, en mettant l'accent sur la créativité, l'empathie, le corps et le care, à l'hôpital Gustave Roussy de Villejuif.
DEMARCHE
Inspirée par la peinture orientale et l'illustration naturaliste qu’elle a étudiée au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris, Camille Mercandelli-Park utilise les techniques de l'aquarelle, de la céramique, de la laque vegetale coréenne et plus récemment de la peinture sur images imprimées pour créer des espaces hybrides, entre l’ordinaire du réel et l’exploration imaginaire.
Depuis plusieurs années, des images glanées au fil du quotidien, d’Internet ou de voyages nourrissent sa pratique artistique. Une fois traitées numériquement, ces photographies sont imprimées puis transformées grâce à l’intervention du dessin. Motifs végétaux, fragments de corps ou éléments architecturaux y apparaissent fréquemment, évoquant une mémoire à la fois fragmentée, collective et affective.
En réinjectant le geste de la main dans l’univers numérique, ces images ralentissent le flux visuel et créent un temps suspendu, propice à une autre forme de présence au monde.
Ce processus prolonge une réflexion entamée, notamment dans la série Le Tiers paysage, en écho à la pensée du paysagiste Gilles Clément, qui valorise les espaces laissés en friche comme réservoirs de vie. Présenté dans des expositions telles que Still Life ou Chaekgeori, son travail conjugue la symbolique orientale et occidentale de la nature morte, tout en interrogeant la temporalité et les métamorphoses de l’image, entre pictural et numérique.
"Choisis tes figures plutôt délicates que sèches et ligneuses."(*)
Subtil et discret, l’univers créatif de Camille Park propose un espace mental singulier : sous le signe du journal intime, elle réalise une œuvre par jour depuis 2005 qu’elle poste sur un site *1.
Ces petits motifs, parfois inachevés, relèvent d’une attention portée à la fragilité et à la matérialité du vivant.
Le moteur principal de ce travail est le dessin, un dessin ductile qui ouvre une multiplicité d’interprétations : la figure flotte, les contours tremblent, les notions d’éloignement et de proximité sont incertaines, si bien que ces échantillons de figures géographiques, géologiques, organiques, à demi tracées, évanescentes, malgré la rigueur quotidienne du journal, s’inscrivent dans un temps non chronologique, selon l’expression de Robert Filliou : le temps émotionnel pour assimiler chaque leçon de la vie.*2.
En effet, nous sommes face à des états d’humeur changeants, comme si se matérialisait sous nos yeux la mélancolie, la rêverie, sous la forme, par exemple, d’un petit brouillard noir au-dessus d’une tête, ou d’un corps légèrement penché.
A rebours d’un sens univoque, ces petites oeuvres proposent une diversité de lectures : fragments remémorés de gravures anciennes (jardins, montagnes, profils), flux sanguin, artériel, ou encore réseau chaotique de galaxies miniatures. Une physique de l’espace se déploie, dans une hybridation onirique qui évoque également l’iconographie fantastique de la bande dessinée (Möebius).
Cet univers se présente comme un inventaire poétique, une prolifération joyeuse.
Léonard de Vinci voyait dans l’anfractuosité d’un mur une image suggestive née du hasard (tâches, lézardes, nuages), des esquisses embrouillées, des analogies secrètes, des figures adoucies. Camille Park aurait-elle inconsciemment suivi ce penchant à la rêverie, en dressant ses minuscules topographies, en dessinant à sa manière l’histoire naturelle de ses émotions, en collectant ces motifs déconcertants (montagnes, globes, zones industrielles miniatures, larmes) ? Si elle recourt à un dispositif académique – le Tondo Renaissance - c'est pour détourner sa fonction religieuse au profit d’une figuration clinique (motif organique en expansion).
Les motifs traditionnels de la peinture sont transformés, un paysage de montagne prend la sinuosité d’un muscle sur une planche d’anatomie, à l’aquarelle, à l’encre, et interroge le regardeur : lorsque je vois courbe d’un électrocardiogramme, les territoires instables d’une échographie, est- ce de l’art ? De la peinture ? Seulement de la médecine ? Une cicatrice peut-elle être belle ? Camille Park appartient à une génération d’artistes qui renoue avec les plaisirs de la matière, du dessin, avec les médiums traditionnels (aquarelle, encre), qui a dépassé la question du tableau sans passer par la case obligée de la vidéo ou du tout virtuel. Née avec le numérique, sans pratiquer un art digital, elle utilise le Web comme outil de transmission et d’exposition (www.camiko.wordpress.com).
A une époque où prolifèrent des installations aux couleurs néons issues du numérique, elle pratique un art discret, exigeant comme un poème. Son art est à la peinture ce que le poème est au roman : un langage minimal qui s’exprime avec une économie de moyens.
Car, en effet, qu’est-ce qui vaut la peine d’être représenté aujourd’hui ?
On vit, on meurt, on aime, dans un espace quadrillé, découpé, bariolé, avec des zones claires et sombres des différences de niveaux des régions dures et d’autres friables *3
Camille Park traverse les zones balisées de la représentation, elle perturbe les différences d’échelles, rapproche le lointain et ouvre la surface à la profondeur, et ce, pour notre plus grand bonheur.
Texte de Véronique Pittolo, écrivain, poète, critique d'art, 2016.
* Léonard de Vinci, Traité de la peinture, 1651.
*2 Robert Filliou, Enseigner et apprendre, éd Archives Hossmann, 1998.
*3 Michel Foucault , Les Hétérotopies, Dits et Écrits, 1984.
ARTICLES DE PRESSE

Ottchil Art Museum : article sur les artistes accueillis en résidence

Ottchil art museum : article sur l’exposition “Ottchil art exhibition for 10 years of art and business”.

Hanryeotoday.com article sur l’exposition “Ottchil art exhibition for 10 years of art and business”

article sur la Biennale Sumuk (Biennale de la peinture à l'encre).

Publication (site du Musée Rodin) sur le projet “Rodin, histoire d’une mutation poétique”.

magazine science et santé: article sur l'atelier d'arts plastiques de l'hôpital Gustave Roussy.

Vidéo Crédit du Nord - Ateliers d'arts plastiques à Gustave Roussy avec le musée d'Orsay